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332 LA GUERRE. Les sermentsjjd'une trêve et durable et sincère ; Et, comme ils ont chanté le Péan de la guerre, Dans un loyal accord réunis désormais, Ils entonnent en chœur le Péan de la paix : « Oui, nous aimons le fer, les combats, la mêlée, La terreur que répand l'aigrette échevelée, Les mors d'argent, l'airain dont le ciel resplendit; Nous aimons le guerrier qui, le jarret roidi, Mordant sa lèvre, oppose au reflux des phalanges Un épais bouclier orné de longues franges ; Mais nous aimons aussi l'éclair du soc d'acier Qui serpente en creusant le sillon nourricier, Ht la main qui bâtit ou forge, et les marteaux Dans la flamme tordant le rayon des métaux. Ils forgent, ô Pallas, ta lance glorieuse ! Mais nous t'aimons aussi, vierge laborieuse, Lorsque, par ton exemple instruisant les humains, Tu brodes le péplos de tes augustes mains, Ou que sur le métier ton art savant promène, Dans son vol délicat, la navette d'ébène. Avec toi nos chansons, nos voix célébreront La Paix qui porte aussi l'olivier à son front, La Paix, sœur d'Aphrodite et mère des sourires, Qui ramène les jeux, les flûtes et les lyres, Les longs banquets, la couche où le lin parfumé Se déploie, au retour, pour l'époux bien-aimé ; Et la Paix, sœur aussi de Minerve, déesse Au large cœur, rempli de virile sagesse. A l'œuvre donc, pour elle, ebauchoirs et ciseaux ! Que la colonne blanche, arrondie en fuseaux , S'élève, surmontée ou d'acanthe ou de lierre ! C'est un temple qu'il faut ; non, c'est la terre entière Qui doit être le temple ou régnera sa loi. Descends ! le temple est prêt, ô déesse ! par toi, Les meules de blé mûr, hautes, rondes, pareilles A la ruche dorée ou volent les abeilles, Surgissent sous les yeux du 'aboureur charmé ; Sans crainte, il cueille enfin l'épi qu'il a semé.