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286 SOCIÉTÉ LITTÉRAIRE. de la construction et de l'achèvement des chemins de fer sur les divers points du territoire, pour reconnaître que les grandes artères de la vie sociale, du commerce et de l'industrie déter- minent toujours l'émigration et l'immigration des habitants. Les grandes villes, qu'on accuse de dépeupler les campagnes, ne participent au mouvement des populations que dans la pro- portion des avantages qu'elles procurent aux industries et au commerce. Depuis le commencement du siècle, l'accroisse- ment le plus considérable de population s'est produit, non pas dans une ville, mais dans le territoire de Saint-Denis, près du centre du grand réseau des chemins de fer qui relient les deux mers et les frontières. Parmi les villes, Saint-Étienne, dont la population n'était que de 16,000 âmes en 1801, a vu sextupler sa population. Aucune autre ville n'approche d'un accroissement aussi prodi- gieux. La ville des palais, dont on a tant répété que l'accroisse- ment absorbait le déficit des départements et dépassait l'ac- croissement de la France, Paris, n'occupe que le 8e rang dans l'accroissement proportionnel , après Saint-Etienne , Saint- Denis, Toulon, Le Havre, Reims, Limoges et Lyon. Le siège du Gouvernement, les grands corps de, l'État, les intérêts publics et privés les plus divers, les hautes éludes, la culture des sciences et des lettres, les progrès et les concours de l'industrie et des arts, les plaisirs, etc., appellent et fixent à Paris les personnes les plus étrangères à la classe des ouvriers de l'agriculture ; les perturbations sociales y causent toujours une émigration considérable. Ce n'est pas ici le lieu de traiter la question si importante de l'émigration des campagnes avec tous les développements qu'elle comporterait; je vais seulement indiquer, à l'appui de ce que je viens de dire, l'accroissement successif, depuis le commencement du XIXe siècle, des 25 villes actuellement les