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                           LES V1LLER0Y.                  H 3

notre ville, des affiches annonçant la mise en vente de la
terre de Bussiges, dépendant de la succession de M. le comte
deBoufflers. C'était le dernier acte de cet établissement des
Villeroy dans nos contrées. Aujourd'hui le parc est mor-
celé ,.la trace des grandes allées est à peine indiquée par
quelques troncs séculaires échappés à la destruction; le pa-
villon des échos est méconnaissable, les objets d'art ont
disparu, l'Å“uvre du temps est accomplie.
    La main des hommes n'a pas épargné davantage les
riches sépultures élevées à plusieurs des Villeroy dans le
monastère lyonnais des Carmélites. L'église est démolie, il
ne reste rien des mausolées qui en étaient le superbe orne-
ment. Le cloître existe encore, mais envahi, déshonoré par de
vulgaires industries, dont l'écho bruyant fait seul retentir
ces voûtes consacrées jadis à la prière.
    Je m'arrête, Messieurs, ma tâche est ici terminée. L'arbre
dont j'ai essayé de vous décrire les rameaux vigoureux et
touffus , vous l'avez vu bientôt détruit jusque dans ses ra-
cines jetées au vent. Certes, le spectacle de tant de ruines
serait bien fait pour engendrer un sentiment de tristesse,
 si une idée consolante ne venait a notre secours. Cette idée,
 elle existe, Messieurs. Oui, les générations se pressent,
les familles s'élèvent, s'éteignent ou retombent, les nationa-
lités peuvent périr, la civilisation se déplacer d'un bout du
 monde a l'autre , mais à travers toutes ces transformations
 inhérentes à notre espèce, nous pouvons nous dire avec une
 religieuse conviction que si les passions humaines restent
 les mêmes, la société cependant progresse d'âge en âge,
 sous l'influence fécondante du christianisme. N'est-ce pas,
 Messieurs, la pensée la plus propre a soutenir le philosophe
 et a diriger les vues de l'historien ?

    Lyon, novembre 1861.
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