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SUa RICHARD DE LAPRADE. 39 Je m'arrête ; mes faibles paroles pourraient-elles vous in- téresser encore, vous dont la mémoire et le cœur ont retenu les vers gracieux et touchants dans lesquels la piétéfilialea reproduit les traits, consacré les vertus dont elle garde les traditions....? Ainsi s'est écoulée, Messieurs, une longue existence, éga- lement occupée et remplie, simple par les événements et les actes, rehaussée par les sentiments et lâs principes. L'âge n'avait point amené son cortège habituel de misères et d'infirmités; les facultés, les sens de Richard, dont la délicatesse était merveilleuse, se conservaient par la pratique de cet axiome d'hygiène : toujours de l'action, point d'excès. Au mois d'août 1860, il voulut revoir son ami, l'illustre professeur Lordat, visiter encore Montpellier où les doctrines spiritualistes lui paraissaient unies à la vérité, comme les murailles de l'école elle-même sont liées au temple voisin. Ces dispositions, ce rapprochement n'étaient pas fortuits à ses yeux, mais la conséquence naturelle des principes. L'école ne proclame-t-elle pas des faits en dehors du domaine de la science? Ne défend-elle pas de nier ce que la science ne peut franchir ?... Ses antiques croyances ne sont-elles pas celles que le génie de Goethe a exprimées lorsqu'il a dit : « Le savoir et la foi, loin de s'annuler réci- proquement, sont destinés à se compléter l'un l'autre. » C'est dans ce dernier voyage que de Laprade fut mortel- lement frappé ; il vit s'approcher sans terreur l'instant qu'il a prévu sans le craindre. Son âme, presque dégagée du corps, sembla s'illuminer de clartés nouvelles ; il conserva, jusqu'à la dernière heure, toute la lucidité de son intelligence, toute la tendresse de son cœur pour consoler et bénir ses enfants. Il s'éteignit doucement a Aix en Provence, le 19 octobre 1860. Cette fin paisible joint un dernier exemple de fermeté et de résignation à tous ceux qu'il nous a donnés.