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 482                  II. VICTOR DE LAPHADE.

  lébrant, le poète glorifiera son auteur, au lieu de déiiier une
  abstraction ou se déifier lui-même? Non, à être envisagée
  ainsi, la nature ne perdra pas une seule de ses magnificences,
  el la poésie y gagnera de répondre mieux à sa vocation sublime,
 de s'élever aux véritables sources de l'inspiration, de se colo-
  rer à la fois des splendeurs de la lerre el des souvenirs du
 ciel. — Tout ce qui annoblit la pensée, purifie l'imagination,
 élève le cœur et immortalise l'art.
     On a dit excellemenl : « Dieu est le lieu des esprits, comnifi
 l'espace est le lieu des corps. » Ces mots ne peuvent-ils pas
 s'appliquer dans une certaine mesure à la poésie? N'est-elle
 pas pur espril, autant que chose humaine peut l'être? *t
 est-ce se montrer trop exigeant que de lui demander de flotter
 moins dans l'espace, et de se tenir plus près de Dieu ?
    J'ai dépassé de beaucoup dans ces observations la liroile
 des reproches que peut mériter M. de Laprade pour ses
 Odes et Poèmes ; mais une discussion grave , importante,
 quoique peu bruyante, s'est élevée à propos de ses ouvrages,
 sur la nature el la mission de la poésie ; et j'ai cru devoir y
 apporter, après tant d'autres, mon opinion. De pareilles dis-
 cussions n'ont lieu qu'autour des grands noms el des grandes
 Å“uvres ; et ma critique lui est encore un hommage.
    Mais, quelle qu'elle soit, je dois la justifier, et, pour cela, il
 me suffirait de citer bon nombre de pièces que j'ai notées et
 où je rencontra l'abus du symbolisme, des formes el des sujets
 mythologiques, et le panthéisme enfin , au point où je le
 blâmais loul-à-l'heure : A un grand arbre, Aima parens,
Les Corybantes, Hermia, Les Argonautes, d'autres encore.
Qu'est-ce que Hermia? Je ne puis répondre d'une manière
satisfaisante à cette question : malgré de nombreuses ana-
logies entre les deux poèmes, je comprends Psyché, je ne
comprends pas Hermia : Psyché, c'est l'humanité, Hermia,
sans doute, c'est la nature. Mais pourquoi le poète nous la