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LOTHAIRE. 155 pervertir les esprits. « L'attente d'un miracle, dit un histo- « rien (M. de Sismondi), rendait indifférent a la conscience du « prêtre que la chose présentée fût salubre ou mortelle (1). » Ce récit, sans inculper formellement Adrien, laisse planer sur lui un soupçon dont je désire sauver sa mémoire, et pour cela je tâcherai de montrer que la communion du roi de Lorraine ne fut point une épreuve judiciaire, et que Lo lliaire ne périt pas avec une grande partie de sa suite pour avoir reçu, mêlé à l'hostie, quelque ingrédient mortel. 1° Adrien ri administra pas la Communion comme une ordalie. — L'assertion qu'émettent MM. Sismondi et H. Martin avait déjà été avancée, dans les Mémoires de l'Aca demie française (2), par l'historien et moraliste Duclos, qui toutefois ne faisait pas empoisonner l'hostie. Malgré l'auto- rité de ces trois noms, j'ose soutenir que le prince et les seigneurs lorrains ne furent soumis a aucune épreuve. L'événement est ainsi raconté par les Annales de S. Berlin, la plus estimée des histoires écrites au IXe siècle (3). « Lothaire partit pour Rome, mais il voulut commencer par s'entendre avec l'empereur Louis, son frère, dont l'in- tervention pourrait décider le pape Adrien à autoriser le renvoi de Theuteberge et le rappel de Valdrade... Il longea la ville de Rome et se rendit à Rénévent auprès de son frère, alors occupé contre les Sarrazins... Après bien des sollicita- tions, des présents, des refus, il obtint, par l'intermédiaire de l'impératrice Engelberge, que cette princesse l'accompa- gnerait jusqu'au monastère de S. Renoît, au mont Cassin, (1) H. de France, t. II, p. 614, ad ann. 863 —869, édit. de 1844. La savante et consciencieuse Revue intitulée : Bibliographie catholique, prévient ses lecteurs que, dans une nouvelle édition, M. H. Martin modifie, sur bien des points, les opinions qu'il avait empruntées à ses prédécesseurs. .1 souhaite que la présente explication tirée de M. Sismondi soit de ce nombi (2) T. XXIV, p. 17, édit. in-12; t. XV, p. 626, édit. in-i». (3) Hisl. lilt. de France, par les Bénédictins, t. V.