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398                 EXPOSITION UNIVERSELLE
du Palais de l'avenue Montaigne , j'ai lieu de regretter que vous
ne vous soyez pas adressé à un juge plus compétent et surtout
mieux informé ; le nombre involontairement trop restreint des
visites que j'ai pu faire à ces galeries, ne me permettra peut-être
pas d'éviter des. omissions même importantes , pour lesquelles
je dois préalablement solliciter une indulgence qui a si rarement
lieu de s'exercer vis à vis des intéressantes publications aux-
quelles vous ouvrez ordinairement l'accès de votre Revue. Puissé-
je tout au moins, et à défaut d'autre mérite, rendre un sincère et
digne hommage à l'éclatante grandeur de la France dans les arts,
cette manifestation si noble et si élevée de la pensée humaine
sans laquelle toute civilisation est incomplète, et presque sans
droits à remplir une belle page dans les Annales de l'histoire.
   C'est assurément une grande et belle idée que celle de convier
les artistes de toutes les nations à une exposition universelle ,
destinée, à mettre en face les unes des autres tant d'œuvres di-
verses ; et comme rien ne peut se faire d'absolument stérile dans
le monde , peut-être arrivera-t-il que cette idée produise pour
la France, qui n'en a du reste pas besoin , quelque résultat utile
et qui se manifestera, comme toujours, au moment où on y pen-
sera le moins. La comparaison que nos peintres et nos statuaires
sont appelés à faire de leurs ouvrages à ceux des Anglais, des
Allemands, des Hollandais et des Belges, les conduira peut-être
à découvrir quelque route nouvelle , quelque effet jusque-là peu
connu ou peu mis en pratique , et dont l'art contemporain pourra
faire son profit, sans que pour cela l'Ecole française moderne y
perde rien de ce qui constituera peut-être pour elle, dans l'ave-
nir , sa valeur et son originalité. Eii attendant qu'un aussi grand
fait se réalise , les inconvénients bien plus que les avantages de
cette immense exhibition apparaissent clairement à tous les yeux.
   Le regard le plus attentif se perd forcément au milieu de cinq
mille ouvrages de tous les mérites comme de toutes les prove -
nances ; l'observation la plus consciencieuse et la plus robuste
y succombe, par là même , et à travers tant d'efforts qui ne pro-
duisent le plus souvent qu'une fatigue mêlée de doute, elle
s'arrête vaincue par l'accablante nécessité d'un travail supérieur