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274 LA CHARTREUSE DE VALBONNE. Quand ta cloche pensive élance sa prière Dans le recueillement de ce calme séjour, Notre cœur suit, aux cieux, cet hymne de la terre Répondre aux saints concerts de l'immortelle cour. Comme de blancs ramiers, sous tes chastes ombrages D'Eden les songes purs voltigent caressants ; Les anges du Seigneur visitent tes bocages, Et tes fleurs ont germé sous leurs pas rayonnants. Dieu, d'un regard d'amour, te contemple et t'admire ; Pour charmer ses élus il t'ouvrit ses trésors; Ton ciel mystérieux a toujours un sourire, Et des parfums divins s'exhalent de tes bords. Chartreuse de Valbonne, au fond des bois cachée, Ainsi qu'un nid d'amour, d'innocence et de paix, A ton doux souvenir ma pensée attachée Se plaît à s'égarer sous tes ombrages frais ! ENVOI A * : * Comme ces fleurs dont nous causions naguère, Filles des bois, du désert et des cieux, Qui, s'entr'ouvrant en de sauvages lieux, Dans leur calice ainsi qu'un doux mystère Gardent si purs leurs parfums précieux, Ces humbles chants de mon luth solitaire, Eclos aussi loin d'un monde envieux, Vous plairont-ils dans leur grâce éphémère Comme ces fleurs ? Qu'un seul moment ils attirent vos yeux ! Ils béniront leur fortune prospère; Puis au soleil ils feront leurs adieux, Dans vos pensers jeunes et radieux Laissant peut-être une trace légère Comme ces fleurs !... Adèle GENTON.