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122 LA. GAZZKÃTE FRANÇOISE. Comment se passèrent les premières années de Marcellin ? Nous l'ignorons, mais il est peu probable qu'il se soit jamais livré aux fortes et substantielles études de son temps. Son livre abonde, il est vrai, en citations italiennes et surtout espagnoles, mais à peine y trouve-t-on quelques phrases grecques et latines. Ce qu'il a appris d'espagnol et d'italien , c'est en courant le monde et dans les livres lus à la hâte. Il lui arrive assez souvent, dans le même proverbe, de mêler les deux langues, et nous pourrions au besoin en fournir plus d'une preuve. Nous doutons de plus qu'il soit jamais allé en Italie et en Espagne ; il est plus probable qu'il visita les Pays-Bas , où vécut quelques années M. de Royssieu, son cousin par alliance, qui fut enfermé pendant sept mois dans la citadelle de Gand, par ordre de l'archiduc Albert, au service duquel il était, et pour des causes que l'on ignore. Ce fut auprès de lui sans doute que Marcellin dut se livrer plus spécialement à l'étude de l'espagnol. Si Marcellin Allard avait eu une connaissance même ordinaire des classiques grecs et latins, il n'eût certes pas manqué d'as- saisonner son Å“uvre, qui fourmille de tant de dictons et pro- verbes, de quelques vers d'Horace, de quelques traits d'Aristo- phane ou de Lucien, et surtout de quelques mordants distiques de Martial. D'ailleurs, une preuve concluante, c'est qu'AIIard , dans sa préface, se desclare apprentif. « Je ne doute pas, dit-il à M. de Boyssieu, que ce ne vous soit chose estrange que moy qui n'ay point estudié, ny faict pro- fession d'escrire, me sois hasardé à la fabrique de cest ouvrage.» — « Mon dessein, ajoutc-t-il, n'estoit que de travailler pour moy et mettre par ordre ce que j'avois recueilly, pendant les inter- valles de mon loisir, et la desbauche de nos troubles, de plu- sieurs beaux livres françois, italiens et espagnols. » On le voit, il n'est nullement question de livres grecs et latins. « L'on trouve vray, dit-il encore quelque part, le dire d'un poète latin (si fosoy le parler), » « Marcellin Allard, dit M. de La Tour Varan, suivit d'abord le commerce, du vivant de son père, pour se conformer à sa volonté