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            COUP-D'OEIL SUR LA LITTÉRATURE FRANÇAISE.        r>/
 gouvernements. 11 est donc bien difficile aux contemporains
 de l'écrire. C'est déjà une grande entreprise de se rendre
 l'arbitre de tous ceux qui, dans l'éloquence ou dans la poé-
-sie, dans la philosophie ou dans l'histoire, ont laissé des
 traces remarquables de leur esprit j car, comme dit très-bien
 M. Nettement : « l'âme humaine tout entière avec sa puis-
 sance d'intuition, sa force de réflexion et l'ensemble des
 facultés qui la rendent propre à comprendre et à sentir le réel
 comme à s'élever à l'idéal, se réfléchit dans la littérature. »
 Mais c'est une tâche encore bien plus grave, plus délicate et
 plus épineuse de s'établir juge entre des orateurs et des écri-
 vains qui vivent encore; et cela, lorsqu'il existe des dissen-
 timents si profonds sur le passé. Dans un cas 5 peu près
 semblable, un ancien disait à un ami : « prenez garde ; vous
 marchez sur des charbons qu'une cendre insidieuse couvre à
 peine » (1). On a des sympathies loul-à-fait involontaires.
 L'auteur lui-même signale parfaitement cette difficulté quand
 il dit : « Madame de Staël n'avait pas été seulement témoin
 de la Révolution... elle y avait des amis et des adversaires.»
    Ce n'est pas un grand mal que le délai d'un demi siècle
 au moins pour écrire l'histoire d'une littérature. Pendant ce
 temps beaucoup d'essais d'une médiocre valeur, ces « infini-
 ment petits de la littérature, » dictés par l'esprit du moment
 et par l'à-propos, perdent leur intérêt, et l'histoire n'a plus
 à s'occuper que de ce qui a survécu à celte première épreuve,
 c'est-à-dire des œuvres capitales qui caractérisent réellement
 l'époque. On dit que « c'est une chose bonne et utile en soi
 d'étudier les orateurs pendant que leurs paroles vibrent en-
 core » (2) ; mais est-il nécessaire de mettre en lumière tant

   (1)               Inccdis pcr ignés
         Suppositos cineri doloso.
                               HoRACI,,
   (2) Tome I, p a g l 4 5 .