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                EXPOSITION DES AMIS DES ARTS.                    69
La Jeunesse de Bassompierre rappelle assez les effets et la ma-
nière pleine de grâce et de fantaisie de ce peintre ordinaire des
condottieri, des cavaliers servants et des belles courtisanes ita-
liennes. Rien de plus charmant et de plus distingue que la tête
de la jeune femme qui cause avec Bassompierre ; celle de celui-
ci, qui est peut-être un portrait, est belle aussi, quoique d'un
type moins heureusement trouvé. Il est fâcheux, par exemple,
que les figures du second plan se lient si peu à celles du pre-
mier*; la toile y perd beaucoup, elle manque de perspective et
de profondeur. M. Morin a exposé également deux autres su-
jets de très-petite dimension, qui valent presque des Meissonier.-
les Deux Amis et le Compte de l'hôtesse nous paraissent bien
supérieurs à son grand tableau. La Chasse aux caïmans, de
 M. Leullier, est une toile d'un grand effet, et qui, à côté d'autres
mérites, a certainement celui de ne pas être banale ; elle réussi-
 rait encore mieux si la composition n'était pas un peu confuse
 et beaucoup trop resserrée; c'est peut-être plus exact et plus
 conforme à la nature, mais l'œil a quelque peine à s'y retrou-
 ver. Le Coucher de soleil en Afrique et les Marais de l'Inde,
 sont deux petites études de peu d'importance, et comme une
 sorte de menue monnaie qui accompagne une grosse pièce. Le
 sujet choisi par M. Bonirotte, l'Anoblissement héréditaire des
 èchevins de Lyon par Charles VIII, présentait des difficultés
 toujours assez pénibles à surmonter, et dont les peintres arri-
 vent mal aisément à se tirer ; l'aspect solennel et froid de ces
 cérémonies , toutes d'apparat, sans rien qui puisse donner de
 l'intérêt à la composition, n'est pas le moindre inconvénient de
 ces sortes de tableaux. Le Musée de Versailles est là pour en
 témoigner, et Dieu sait combien il en a déjà offert de mémora-
 bles exemples. M. Bonirotte a su triompher par une certaine
 puissance de couleur d'un thème qu'il avait au reste choisi, et
 s'il n'a pas tout à fait réussi à lui donner un charme dont l'his-
 toire même ne l'a guère pourvu, il en a dissimulé habilement
 les côtés faibles. Nonobstant un peu d'uniformité dans les types,
  sa toile, un peu rouge, a de la valeur et de l'éclat.
     La Barque à Caron de M. Bellét-Dupoizat témoigne des re-