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386 bien il est urgent d'harmonier les institutions industrielles avec les changements qui surviennent chaque jour dans le mode et dans les conséquences des exploitations, on continue avec persistance à conserver invariable l'organisation qui date du dernier siècle, organisation défectueuse et anormale qui restreint et empêche le développement des consommations possibles au lieu de le favoriser. Ceci étant prouvé., est-il besoin de prouver aussi que le développement des machines est, comme celui des intelli- gences, impossible à limiter et à retenir ? Lors même que cette limitation impie serait au pouvoir de la force, hâtons- nous de reconnaître que son exécution serait matériellement impossible. On conçoit, en effet, que pour assurer l'efficacité d'une telle mesure , il faudrait le concours unanime et spontané de tous les peuples. Or, une telle simultanéité n'est pas probable, et il suffirait d'une seule nation dissidente pour que toutes les autres fussent obligées de renoncer à un tel pacte, sous peine, en cas de persistance, de ne pouvoir soutenir la concurrence industrielle sur les marchés étrangers, et de voir ses propres marchés envahis, loyalement ou non, par les produits moins coûteux , et plus parfaits probablement, du peuple qui aurait refusé de proscrire les machines. L'application de plus en plus développée des machines est donc favorisée par une force matérielle insurmontable. Je se- rais heureux, d'avoir prouvé dans cette étude incomplète, que cette force véritablement providentielle tendra toujours à augmenter le bien-être et le bonheur de l'humanité. Il est inutile, sans doute, de répondre à ceux qui, dans leur crainte irréfléchie, représentent l'avenir exploité par les ma- chines de telle sorte que les bras de l'homme resteront inoc- cupés. Heureusement une telle crainte ne pourrait se réaliser. L'intelligence dominera toujours sur la matière ;les machines ne pourront jamais envahir le domaine du raisonnement et des facultés morales, apanage divin de l'humanité. Il y aura