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                        LA SUA VIOLA.                     465

                            XIV.

   Vingt-quatre heures s'étaient écoulées depuis le moment
où le jeune lieutenant avait été saisi par les contrebandiers,
et aucune détermination définitive n'avait encore été prise à
son égard. Seulement, aux conversations que tenaient entre
eux, à haute voix, les factionnaires placés à la porte de sa
prison, il avait pu comprendre que quelques-uns de ces hom-
mes en voulaient à sa vie. Le Balafré notamment avait clai-
rement réitéré, dans un nouvel entretien avec Benedelli, ses
déclarations vindicatives.
   —• Ahi ! s'éiail-il écrié.
   — Qu'as-tu? lui avait demandé Benedelti.
   — Il paraît que le temps va changer, car ma blessure me
fait cruellement souffrir.
   — Laquelle ? Est-ce celle de la joue ? Est-ce celle de ton
épaule, ou bien celle de ta jambe? car lu en as une col-
lection.
   — Je voudrais bien m'en délivrer, mauvais bouffon, et les
loger toutes au bout de ta langue !... Tu n'aurais pas plus
envie de parler, que je n'ai moi-même envie de marcher en
ressentant les élancements qui me torturent le genou...
   — Quelle grimace tu fais en disant cela !
   — Je sais quelqu'un qui en fera une bien plus laide tout à
l'heure, quand je lui réglerai son compte...
   — Et de qui veux-tu parler?
   — Et de qui veux-tu que je parle, si ce n'est de ce grin-
gallet que nous avons là !
    — Tu vas donc recommencer tes menaces ?
   — Benedelti, tais-loi ! chacun fait ce que bon lui semble...
Je suis Corse, moi... je suis contumace... j'ai été obligé de
fuir mon pays, et j'ai juré de me venger en toute occasion de
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