Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                           LA SUAVIOLA.                          437

possession , et il se décida à (enter cette téméraire ascen-
sion.
   11 entra aussitôt dans un sentier glissant qui tournait en
spirale, et il y grimpa, s'aidant à la fois de ses pieds et de
ses mains, et déployant tout ce qu'il avait de force et de ré-
solution à poursuivre sa périlleuse entreprise.
    La sueur ruisselait sur son corps, sa poitrine était hale-
tante. Il lui semblait néanmoins qu'il était poussé par la fa-
talité; il montait, montait toujours... Il arriva enfin sur le
sommet qu'il voulait atteindre et demeura interdit de surprise
el d'admiration en se trouvant !à, face à face, avec la belle
jeune Glle qu'il avait tour à tour appelée illusion et réalité.
    Elle le regarda d'un air triste el sévère, el lui dit en italien :
   — Chasseur, que viens-tu faire ici ?
   Il essaya de répondre, mais il ne le put pas, dominé
qu'il était par l'irrésistible ascendant de celle qu'il voyait
devant lui.
   Elle paraissait avoir dix-huit ans. S>n visage était ravis-
sant, ses yeus exprimaient à la fois la douceur et la fierté,
el rien ne saurait donner une idée de la grdce de sa (aille et
de l'aisance de son maintien. Quanta son vêtement, il élait
exempt de touie recherche, mais révélait le goût exquis d'une
organisation italienne.
   Etienne la contempla longtemps.
   — Quj est-elle, murmura-l-il, et quel nom lui donner?
Oh! elle est sans doule la descendante des fiers patriciens de
l'ancienne Rome! Oui, elle est une patricienne !...
   Et il répéta tout haut ce mot :
   — Patricienne !
   La jeune fille souril, et lui dit toujours en italien :
   — Ne m'appelle pas ainsi ! Je suis une simple fille des
montagnes, el je te renouvelle la question que je l'ai déjà
adressée : que viens-lu faire ici?