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ÉTUDES D'ARCHÉOLOGIE PRÉHISTORIQUE. 43 composé d'os, de charbon, de cendre, de terre, de silex, etc.. (1). Les larges dalles recouvrant les foyers offrent sur leur face inférieure de très-beaux spécimens de ces incrustations adhérentes à la pierre. Des dalles semblables occupent le fond des foyers qui se trouvent parfois superposés, au nombre de deux ou trois. Les débris de ces foyers, minutieusement recueillis et étudiés, consistent pour la majeure partie en ossements de renne : bois, mâchoires, vertèbres, côtes, calcanéums, astragales, petits os du tarse, phalanges, phalangines, phalangettes, e t c . , tous les os à moelle, comme les ca- nons, les tibias, les fémurs, e t c . . sont fragmentés. Nous n'avons pas retrouvé une seule tête entière. Tous les bois sont égalemeut brisés. Les os de cheval sont rares. Nous avons recueilli accidentellement du renard, du grand cerf (cervus megaceros), une dent et l'articulation mé- tacarpienne inférieure d'un grand ruminant qui paraît être l'aurochs, de l'éléphant, probablement du mammouth, représenté par un fragment de grand os et de nombreux débris de défenses ; enfin des ossements humains intime- ment mêlés aux autres débris : ici des phalanges, là des fragments de tibia; ailleurs des dents. Si ce ne sont pas des restes funéraires dispersés, il faut en conclure que les sauvages habitants de Solutré étaient anthropo- phages, ou immolaient des victimes humaines. Voilà qui suffit amplement pour déterminer l'époque de nos foyers. Nous sommes en plein âge du renne et sur la fin de l'époque géologique dite quaternaire. Le style des silex est d'ailleurs parfaitement conforme à cette conclusion. Ce ne sont plus les instruments gros- (1) Les dépôts calcaires ne se sont formés qu'à la partie inférieure des objets, comme s'ils s'étaient produits par sublimation. Le même fait a été remarqué dans les alluvions de la Somme.