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                          POESIE


                LA ROSE DES GLACIERS.

Par les écueils de neige et les rescifs de glace,
Lorsque, après mille efforts et maint danger mortel,
On arrive, épuisé de force, à bout d'audace,
Jusqu'au môle infranchi de l'hiver éternel,-


Qu'on n'entend d'autre bruit que le sang dans l'artère ;
Qu'on ne voit d'autre objet sous le ciel accablant
Qu'une couche funèbre où les os de la terre
D'immobiles ressauts percent leur linceul blancj

On frissonne, on maudit le Démon d'aventure;
Mais le Démon d'orgueil se réveillant plus fort,
Vous souffle qu'il est beau pour une créature
D'avoir abordé seule un monde où tout est mort.

A vos pieds tout-à-coup brille une fleur modeste, .
La rose des glaciers, sœur de Picciola.
Vous pensiez : « Tout est mort ! » — Elle dit : « Je proteste ! »
Vous pensiez : « Je suis seul ! » — Elle dit ; « Je suis là I »

Qu'il aille où nul ne va, le chercheur d'impossible !
Il trouvera partout le vestige importun.
Au bord du formidable et de l'inaccessible
Quelque chose toujours se lève avant quelqu'un,


    5 janvier 1868.
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