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MONOGRAPHIE DE L'ÉGLISE DE BROU. 223 « ligné chrétienne comme l'horizontale est la païenne, est là « dans toute sa beauté; on pourrait dire dans son absolu. » De plus, l'auteur déclare que c'est à Brou que l'on trouve l'ogive parfaite, l'ogive irréprochable. Et tout d'abord,on est lente de demandera M. Didron,ce qu'il entend par une ogive parfaite, une ogive irréprochable ; car il faut convenir que cette définition est assez vague. On comprend l'ogive d'une forme noble , d'une courbe pure , élégante, élancée , et ces dénominations s'appliquent au galbe môme de cette sorte d'arc ; mais l'ogive parfaite, l'ogive irréprochable, ne peut être que celle dont le tracé ne présente aucune déformation dans la courbure, qui doit être parfaitement régulière, que l'ogive soit aiguë ou surbaissée. Ces qualificatifs ne précisent donc en aucune manière le mérite distinctif de l'arc en question. Or, à Brou, ilest>une remarque que l'on peut faire facile- ment, c'est que les grands arcs et les formerets, loin de pré- senter une courbe régulière, sont presque tous déformés par suite de négligence ou d'imperitie dans le tracé des épures ou dans la pose, et n'accusent dans leurs lignes que des dé- pressions et des renflements très-sensibles à l'œil tant soit peu observateur. Celles du rez-de-chaussée de la grande nef particulièrement, décrivent une ogive qui, dans sa partie supérieure, se rapproche plus de la forme rectiligne du triangle que de la courbe de l'arc en tiers-point. M. Didron n'a sans doute pas fait attention a tous ces dé- tails, car il n'aurait pas proclamé d'une manière si absolue la perfection des ogives de Brou. Mais à part cet incident, il m'est impossible de partager le sentiment du savant monu- mentaliste à ' l'égard de l'ordonnance de la nef de Brou. L'ogive aiguë, comme dans les arcades latérales de la grande nef de Notre-Dame de Reims, est loin d'avoir l'ampleur, la noblesse et la grâce de l'ogive un peu arrondie au sommet;