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138                   SAMUEL SORBIÈRE.

dit adieu... La ménagerie m'a occupé plus d'une grosse heure;
j'en ai visité soigneusement toutes les pièces, les cuves, le
pressoir, le four,.. Au château je n'ai trouvé à faire que
deux cabinets a côté de la face qui regarde Lyon... Pardessus
tout, madame , je me suis attaché à la tour où j'ai demeuré
enchanté, ne sachant a quelle fenêtre m'arrêter tantôt je re-
gardois vers le midi l'étang qui est sur la colline, où la na-
ture a pris le plaisir de lui creuser un bassin d'émeraude...
 au septentrion, je ne pouvois m'empèclier de dire que la
 vue de votre Maison n'avoit rien de pareil à ce que l'œil dé-
couvre depuis Saint-Geniès (Saint-Geuis-Laval) et le Perron,
tout le long du Rhône, sur cette côte toute semée de mai-
sons de plaisance qui continuent, jusque chez vous les fau-
 bourgs de Lyon,la Guillotière, toute la Croix-Rousse... Enfin
 vers l'orient, ma vue se pe.xloit insensiblement dans cette
 vaste plaine au bout de laquelle on voit des montagnes qui
 paroissent assez près de la en comparaison de quelques
 aulres mises les unes derrière les aulres à plusieurs rangs
 qui s'élèvent jus'ques à ce que les Alpes couvertes de neige,
 en touchant le ciel, nous font douter si ce ne sont pas les
 nues qui commencent à se former. C'est là, madame, où il
 y a bien à rêver, et d'où je pense que je ne me serois point
 retiré, si M... ne m'en eût arraché pour me faire goûter vos
 muscats et les autres fruits de la saison.,. Je ne souhaite
 pourtant pas que vous en veniez manger sur les lieux, ni
 que vous ayez le loisir de quitter Paris où les affaires du
 roy rendent M. (votre mari) fort nécessaire... L'utilité pu-
 blique qui nait de ses importantes occupations, fait que je
 me réjouis de ses nouveaux emplois ; mais je regarde aussi
 le particulier avantage de ses amis dont il a cent occasions
 d'avancer la fortune... vous sçavez cela mieux que moi ;
 je vous en ai touché un mot, en passant, pour vous dé-
 clarer mes sentimens sur cette matière, et par un pur mou-