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ÉTUDES D'ARCHÉOLOGIE PRÉHISTORIQUE. 23 ment sur la station de Solutré dans d'autres circonstances. Certains foyers de l'âge du renne paraissaient avoir subi des remaniements : les dalles étaient enlevées et les débris de cuisine dispersés dans le terrain supérieur. De plus nous avions trouvé dans ces foyers remaniés des fragments de poterie grossière analogues aux poteries des stations de la pierre polie des bords de la Saône. Or, je découvris précisément sur ces foyers remaniés une sépulture dont les ossements communiqués à M, le doc- teur Pruner-Bey, furent reconnus pour offrir le type celte de l'époque de la pierre polie. Les remaniements et l'introduction accidentelle des poteries étaient expliqués par ce fait et venaient en même temps confirmer l'habile diagnostic du savant anthropologue (1). Il existe à quel- ques pas de là de vastes amas coniques de pierres brutes, véritables cairns que nous nous proposons d'explorer, et qui pourraient bien être aussi des sépultures de la même époque. M. de Ferry a recueilli, sur l'un d'eux, une flèche à ailerons, une forme caractéristique de cet âge. Pour résumer, la peuplade mongoloïde primitive s'est fondue dans la race celtique envahissante, et selon toute probabilité au temps de la pierre polie. On ne peut donc plus dire avec la plupart de nos histo- riens : « Les premiers hommes qui peuplèrent le centre et l'ouest de l'Europe furent les Gaulois, nos véritables ancêtres (2). » M. Henri Martin, à qui j'emprunte cette phrase, n'avait eu, comme beaucoup d'autres, pour se guider dans les ténèbres de nos origines européennes, que (1) Le squelette était étendu, les pieds tournés vers l'est, la tète pen- chée sur l'épaule droite, les mains de chaque côté du bassin, et reposait entre quelques pierres brutes mises sans ordre sur le magma de cheval au niveau des foyers voisins, et au milieu de débris remaniés. (2) Henri Martin : Histoire de France, 4 e édition, 1860, p . 1.