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472                      IA SUAVI0LA.
avant de la frapper, avait bien visé au cœur, mais le man-
teau dont elle s'é lait enveloppée avait détourné le coup. Son
bras seul avait été atteint, et superficiellement. Aussi lui
avait-il été facile, à la faveur des lénèbres et de la confu-
sion qui régnaient autour d'elle, de s'enfuir par l'ouverture
qui avait donné passage à Etienne et de regagner tout de
suite le corps de bâtiment où se trouvait son appartement.
Elle avait ainsi échappé aux poursuites des contrebandiers,
qui ignorèrent toujours qu'elle s'élait substituée à leur pri-
sonnier.
   Ce fut avec un profond sentiment de bonheur qu'elle
apprit la démission du jeune lieutenant.
   Désormais libres de leurs actions, Etienne et Stella se
hâtèrent de demander à la religion de sanctionner leur
amour. L'abbé Bertrand bénit leur mariage.
   La maison de campagne qu'avait louée le chapelain fut la
demeure qu'ils choisirent. Ils purent, en réun-ssant leurs
ressources, l'acheter et y ajouter d'autres terrains qui en
augmentèrent l'étendue, et qui en ont fait une habitation à
leur convenance.
   Ils y vivent heureux, cachant leur bonheur au monde et
se voyant rajeunir dans leurs enfants, que le bon abbé élève
à sa façon originale, et qu'il aime peut-être plus qu'il n'a
jamais aimé Etienne lui-même.
   Le digne abbé voit ainsi tous ses vœux satisfaits, 5 l'ex-
ception d'un seul pourtant... la suaviola manque à son
herbier. Le roche" sur lequel elle croissait, s'affaissant sous
son poids, a couvert de ses débris les racines de cette plante,
unique en son espèce et à jamais perdue !...
                                    Fabius   LE BLANC.