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                  LA SUAVIOLA



                               I.

   Dans un défilé des Alpes, vers la limite qui sépare la
France du Piémont, se trouve un bâtiment abandonné et
croulant.
   Cette ruine, au milieu de la plus sauvage région des mon-
tagnes alpestres, ajoute encore à la sévère tristesse du site.
Là, les saisons ne se succèdent point, l'hiver seul y règne
sans Gn. L'œil y chercherait vainement des traces de végé-
tation. Le hardi voyageur qui s'aventure en ces solitudes
ne voit autour de lui que des roches entassées, n'aperçoit
au-dessus de sa tête que des pics neigeux et un ciel cour-
roucé. Le silence y est vaste, effrayant ; et s'il arrive qu'il
soit interrompu, c'est presque toujours par quelque bruit
menaçant ou lugubre, tel que le mugissement des tempêtes,
le grondemeut des avalanches, le cri des oiseaux de proie.
    Et cependant ce désert n'a pas toujours été aussi solitaire.
 II y a quelques années, les contrebandiers se l'étant en
 quelque sorte approprié, il fallut, pour les en éloigner, y
 construire à la hâte le bâtiment isolé dont on retrouve les
 ruines et établir là un poste de douaniers, supprimé depuis
 lors.
    Ce poste était commandé par le lieutenant Etienne.