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4S4                       LA SUAVIOLA.

   — Parlez plus bas, dit le mendiant.
    Puis il ajouta :
    — Vous voyez bien que vous êtes sur le territoire pié-
montais... si les contrebandiers vous surprenaient, ils ven-
geraient sur vous leur défaite de celle nuit.
    Mais Etienne, ne voulant rien entendre de ce qui ne ré-
pondait pas h ses préoccupations, se borna à répéter avec
instance :
    — Stella ! parlez-moi de Stella !
    — Elle est dans l'affliction, répondit le mendiant. Son
frère a succombé aux suites de la blessure qu'il avait reçue ;
et son père, trop faible pour supporler ce nouveau malheur,
est en ce moment agonisant.
    — Oh ! conduisez-moi vers elle, répliqua Etienne, ou-
bliant qu'il s'adressait à un homme qui ne pouvait pas mar-
cher.
    Pour toute réponse, le mendiant 'ui montra sa jambe en-
sanglantée, el il y eut entre eux un moment de silence.
    Puis le mendiant reprit :
    — Ecoulez-moi! je vais tout vous dire. Le moment est
venu de vous confier un secret que Stella elle-même ne vou-
lait pas vous laisser ignorer plus longtemps. Je puis vous
parler de ses sentiments et être l'interprète de ses volontés,
 car elle n'a rien de caché pour moi. Avant tout, cessez de
croire que je suis un mendiant ! Je suis un vieux serviteur de
sa famille et je m'étais attaché h celle enfant, au point de ne
pas pouvoir me séparer d'elle. Aussi je l'ai suivie dans l'exil,
 afin de lui consacrer mes soins jusqu'à la fin de ma vie. Pour-
 quoi »—t—il fallu que, pour servir les desseins de son père et
 recueillir les indications dont il avait besoin, j'aie été obligé
 de revêtir les haillons que vous m'avez vus, de simuler l'im-
 bécillité et de ne reculer devant aucune abjection. Hélas! la
 crainte de la misère a poussé mon noble maître à de déplora-