page suivante »
LA SUAVI0LA. 453 sur ses pac, appela ù plusieurs reprises; mais il ne découvrit plus aucun sentier et personne ne lui répondit. Se laissant conduire par le hasard, il s'avança dans l'obs- curité, perdant peu à peu le souvenir les circonstances qui l'avaient amené là et reportant sa pensée vers Stella. îl ne songeait plus aux dangers de toute sorte auxquels il se trou- vait exposé dans ce désert coupé par de profonds abîmes et infesté de contrebandiers, qu'avait exaspérés l'humiliation d'une récente défaite. Cependant son uniforme pouvait le signaler particulièrement aux vengeances de ces hommes im- placables. Mais, ne se préoccupant nullement des périls qu'il courait, il s'abandonnait aux mélancoliques impressions qu'avait produites sur lui, depuis quelque temps, l'absence inexpliquée de la jeune fille, Il se trouva bientôt sur une pente rapide qu'il descendit, sans se rendre compte des distances qu'il franchissait. Après avoir marché de la sorte pendant longtemps, il arriva à un sol moins inégal, où il découvrit les traces d'un sentier ,'a:is lequel il allait s'engager, lorsqu'il entendit distinctement, à côté de lui, des gémissements répétés. Il prêta l'oreille, et se rapprochant de l'endroit d'où par- taient ces plaintes, il vil, à la faveur du jour qui commençait h poindre en ce moment, un homme étendu sur la terre. — Que faites-vous là ? demanda-l-il. — Je suis blessé à la jambe, aidez-moi â me soulever, ré- pondit l'homme qu'il avait devant lui. Tendant alors la main à celui qni réclamait son assistance, il reconnut le mendiant qui lui avait, à plusieurs reprises, apporté des messages de la part de Stella. — Quoi! c'est vous! s'écria-t-il en multipliant avec volu- bilité ses questions, c'est vous!... Mais où esl Slella? Pour- quoi ne m'a-l-elle plus rien fait savoir? Suis-je près de sa demeure?