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                    ESSAI SUR LE LIVRE DE JOB.                       235

 à coup à nos yeux un prestidigitateur de la force du vieil Apollonius
 de Tyane, nous maintenons que M. Moglia crierait bien haut non que
 l'Antéchrist va venir, mais qu'il est venu. Que faut-il conclure de là?
 Il faut en conclure que si nos pères, à la vue de ce qui se passait sous
 leurs yeux, tournaient leurs pensées vers les derniers temps, c'était
 par un sentiment instinctif des avertissements divins, et que si nous-
 mêmes nous nous en préoccupons, à cause du mouvement extraordi-
 naire auquel la société est en proie, c'est par un effet du même
 sentiment. Il faut en conclure que les signes des derniers temps n'ont
 pas été annoncés pour une seule génération et que la Providence de
 Dieu a voulu les échelonner sur la route de l'humanité, afin que tous
 en soient témoins, que ce continu et formidable spectacle tienne les
 hommes en haleine, que nul ne puisse s'excuser sur le défaut d'aver-
tissement de s'être endormi dans une fatale sécurité, et que tous
 puissent se préparer à paraître convenablement devant le fils de
 l'homme. D'où il suit que nous ne sommes pas plus autorisés que nos
 pères à dire que les révolutions qui nous agitent ou nous menacent
 sont le prélude immédiat des suprêmes péripéties de la création.
    Eh quoi donc? Notre Europe rësume-t-elle si bien l'univers entier
qu'il suffise que les signes prophétiques s'accomplissent dans son sein?
 Ne doit-on tenir aucun compte de cette Amérique qui commence à
peine son rôle dans le monde, et de ces immenses populations de
l'Asie, jusqu'ici restées étrangères à la civilisation chrétienne, et de
 ces innombrables peuplades de l'Océanie, que l'Évangile n'a point en-
core arrachées à l'état sauvage? La terre est à peine connue, les six
dixièmes de ses habitants sont ensevelis dans les honteuses ténèbres
 de l'islamisme ou de l'idolâtrie, et vous voulez qu'elle touche aux
dernières phases de sa destinée ? Mais cela n'est pas raisonnable.
    Toutefois, M. Moglia est si convaincu que l'état actuel de la société
présage les derniers temps, qu'il trace sans façon le programme des
événements qui, selon lui, devront bientôt se succéder. Voici l'ordre
qu'il leur assigne : 1° un cataclysme social peu éloigné ; 2° l'avènement
d'un grand monarque et d'un grand pontife ; 3° le rappel des Juifs
dans leur patrie ; 4° la première invasion de Gog pour dépouiller les
Juifs; 5° l'avènement du Christ au secours de son peuple, et la con-
version de ce peuple ; 6° la première victoire du Christ ; 7° le rappel
des dix tribus de la terre lointaine et inconnue où elles s'étaient reti-
rées ; 8" la conversion générale des peuples ; 9° le règne temporel du
Christ, pendant lequel les hommes jouiront d'une prospérité inouïe ;