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itH           MONOGRAPHIE DE L'ÉGLISK DE BROU.

et bien qu'à Brou cette perfection de formes ne se ren-
contre pas généralement dans le tracé de ses arcs de
voûtes, il résulte néanmoins, de leur puissante envergure
pour l'intérieur, quelque chose de grave, d'imposant, de
solennel qui n'aurait pas dû échapper au coup d'œil sagace
de M. Didron.
   Selon lui, au contraire, le beau dans l'art gothique c'est sa
tendance à pyramider. « Il faudrait, dit-il, pour la beauté,
« que l'édifice s'élevât comme en pyramide ; c'est ce que
« l'on obtient en aiguisant les ogives comme on a fait à
« Notre-Dame de Reims et a la Sainte-Chapelle de Paris.
« Notre-Dame d'Amiens surtout, l'église de Saint-Denis et
« celle de Brou donnent un effet contraire, effet qui diminue,
 « à la vue, la hauteur de l'édifice. »
   Je ne m'explique pas comment M. Didron voit les choses ,
à ce point, qu'il a pu trouver, par exemple, que la cathédrale
d'Amiens et l'église de Saint-Denis produisent dans leur in-
térieur un effet contraire à celui de Notre-Dame de Reims et
de la Sainte-Chapelle ; c'est-à-dire un effet qui, comme à
Brou, « diminue, a la vue, la hauteur de l'édifice. »
   Au reste, ce thème de la ligne verticale, comme seule et
 suprême expression de l'architecture gothique, n'est pas
nouveau. 1 a pris naissance dans certains écrits quelque peu
            1
romantiques qui ont traité de l'art du moyen-âge à son der-
nier réveil parmi nous. Les fervents adeptes du gothique se
sont pieusement pénétrés de ce principe sans le discuter, et
l'ont fidèlement inculqué à leurs disciples. Cette doctrine
singulière a gagné même quelques érudits, puisque le savant
secrétaire du Comité des arts et monuments la professe
d'une manière ouverte dans son ouvrage, et se résume pour
le docte écrivain dans cette formule sacramentelle : « Brou
 « n'a de hauteur que la moitié seulement de sa largeur ; ce