page suivante »
MONOGRAPHIE DE L'ÉGLISU DE BROU. 225 « n'est pas assez chrétien, pas assez gothique et la force « d'ascension a manqué. » Demander la raison esthétique de cette conclusion au sa- vant monographe alors qu'il l'a écrite, et essayer de le rame- ner à une croyance moins exclusive, c'eût été peut-être peine perdue. Mais aujourd'hui que le temps a marché et que le gothique a subi, comme tout art, l'épreuve d'un examen ap- profondi, on peut se risquer a émettre une opinion qui pourra avoir quelque chance de se faire écouter quand elle iuvoquera le raisonnement. La Renaissance, il faut lui rendre cette justice, a mis fin aux exagérations de l'art gothique dans ses tendances aux lignes aiguësjen admettant les plate-formes dentelées et les dômes ; elle ne s'est pas renfermée dans une formule artis- tique; elle n'a rien proscrit, et dans sa liberté d'expansion, elle a accueilli jusqu'aux réminiscences de l'architecture ogi- vale, jusqu'aux épaves de cet art étonnant submergé pendant plusieurs siècles sous les flots des idées nouvelles. La façade de Brou, assurément, n'est pas irréprochable. Elle manque d'harmonie dans ses lignes et dans ses masses principales, et d'une sage distribution dans ses motifs d'or- nements, dont quelques-uns sont d'un goût équivoque : mais, quand on considère le libre essor que s'est donné l'i- magination de l'architecte dans la création de cette façade et la diversité des éléments dont se compose l'architecture de l'édifice, on devient moins sévère pour l'œuvre elle-même ; car il y a dans celte liberté de style une source intarissable, où le génie de l'artiste peut puiser parfois de délicieux mo- tifs de composition. « Toutes les formes d'arcades sont employées à Brou, « nous fait remarquer M. Didron; on y trouve, dit-il, toutes « les variétés possibles de baies ; les plates-bandes,les cin- « très, les ogives, les anses de panier, les doubles courbes 15