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200           MONOGRAPHIE DE L'iÃŽGUSE DE BPOU.

la majesté , c'est la noblesse dans la simplicité. A me-
sure que cet art s'éloigne de son berceau et qu'il s'avance
dans le cours des siècles, il perd de cette noble réserve
qui n'a nul besoin d'un surcroît de parure pour charmer le
regard; son ornementation devient exagérée et tombe bien-
 tôt dans un fouillis inextricable de lignes et de formes capri-
 cieuses dont on fait consisler le principal mérite dans une
 profusion inouïe. L'église de Brou est, sous ce rapport,
l'expression véritable du sentiment qui animait encore les
 artistes restés fidèles aux traditions de l'architecture ogivale
 dans la première moitié du xvie siècle.
    Mais j'ai hâte d'arriver à la partie de l'ouvrage qui me pa-
 raît le mieux dans les éludes spéciales de l'auteur. Je veux
parler de l'iconographie. M. Didron fait ressortir avec beau-
 coup de talent le caractère essentiellement aristocratique de
 l'église de Brou, qui est en même temps la complète glorifi-
 cation de la femme. Tout d'abord, le savant écrivain, pour
 mieux faire saisir le type princier de l'édifice, le met adroi-
 tement en parallèle avec l'église de Notre-Dame-de-1'Epine
 en Champagne, dont il dépeint admirablement la physionomie
 et l'allure populaires,
    Il dit que l'ornementation y est « dévergondée, déhontée,
 « débraillée, grossière et brutale. C'est non-seulement aux
 « gargouilles, aux consoles et aux contreforts que paradent
 « des bouffonneries satyriques ou luxurieuses, des grotes-
 « ques masqués de figures en rapport avec les basses fonc-
 « lions qu'ils ont a remplir; mais c'est encore et principa-
 « lement au chevet, la partie sainte d'une église, que s'éta-
 « lent et foisonnent les lubricités. »
    M. Didron aurait pu faire la même remarque à Brou; car
 ce n'est pas en dehors du monument que se montrent ces
 singulières sculptures dont il se scandalise a Notre-Dame-
 de-1'Epine, mais bien ici dans le sanctuaire même, puisque