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              MONOGRAPHIE DE L'ÉGLISE DE BROU.             205

 lourde et austère des églises carlovingiennes, était, tout
 aussi bien que le gothique, un art véritablement chrétien qui
 avait reçu, par la célébration des saints mystères, une écla-
 tante consécration. On ne veut voir dans l'architecture ogi-
vale que l'expression de l'idée religieuse et l'on ne fait pas
 assez attention que l'apparition de cet art extraordinaire
 n'est que la conséquence du développement naturel d'un
 principe de construction entrevu à une certaine époque, et
qui s'appliquait non-seulement aux édifices religieux, mais
 encore aux demeures princières et aux habitations des sim-
ples particuliers.
    Cependant, il ne faut pas oublier que l'écrit de M. Didron
remonte a 1842, c'est à-dire à une époque où il était de
mode, non. de discuter et de raisonner l'art ogival, mais d'en
parler en termes pompeux et dans un langage imagé. Aussi
l'auteur, dans sa revue rapide des divers styles qui sont les
aînés du gothique, regarde-t-il ce dernier comme infiniment
supérieur à ceux qui l'ont précédé, et lui décerne-t-il des
éloges absolus. Il fait, entre autres, cette remarque, c'est
que le gothique ainsi que l'art en général, « est comme
« une boule de neige que les entants façonnent dans leurs
« jeux, et grossit a mesure qu'il avance : crescit eundo.
« C'est le fleuve qui dans sa marche se nourrit et s'enfle de
tous les affluents. »
   Cette comparaison ne rae semble pas d'une exactitude ri-
goureuse, car la faculté pour la boule de neige de grossir et
pour le fleuve de s'enfler, n'est pas applicable à l'art lui-
même : celte faculté ne répond nullement a une idée de
perfectibilité, et l'art ogival a cela surtout de particulier,
c'est qu'il ne fut parfait qu'au moment même de sa naissance.
En effet, toutes^nos églises ogivales ou romano-ogivales du
xue siècle sont d'une grande sobriété de lignes et d'une
extrême pureté d'ornementation ; c'est le calme, dans