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'1()0 UNE VISITE.
ce qu'il, peut des épaves du passé, réalisant ainsi au
mieux possible la devise adoptée par la Société archéo-
logique de la Drôme : « Colligile ne pereant. » Parmi
les objets qui composent sa collection lapidaire se trouve un
monument qui, bien que très-incomplet, m'a paru extrême-
ment curieux. C'est la partie inférieure d'un autel carré en
pierre, couvert sur les quatre côtés de sculptures dont la
forte saillie, la manière assurée et la correction dénotent
une bonne époque et une habile main. Ce fragment n'a que
le quart ou tout au plus le tiers de la hauteur qu'avait l'autel
entier, peut-être fait de plusieurs pierres superposées. Sur
une des faces, que je crois celle de devant, on voit le bas
des jambes nues d'un personnage qui était debout, dans
l'attitude du repos, A côté de la jambe gauche, au-dessus
d'un objet h peu près rond, difficile à déterminer, qui res-
semble assez a un peloton de laine, une foudre sur laquelle
apparaissent encore quelques vestiges des serres d'un aigle,
fait reconnaître dans le personnage, clairement désigné par
ces attributs, Jupiter.
Sur la face suivante, a la droite du spectateur, s'offre aux
yeux l'extrémité de vêtements drapés avec ampleur et tom-
bant presque sur les pieds d'une femme richement chaussée,,
autrefois debout et vue de trois quarts. Cette femme
dont les vêtements sont, je crois, la slola, recouverte d'un
peplus qui descend moins bas, me paraît ne pouvoir être
que Junon, ou Minerve qui avait au Capitule sa statue a
côté de celles de Jupiter et de Junon, et était toujours invo-
quée, conjointement avec ces dieux, dans les vœux publics.
Sur la face postérieure s'aperçoivent deux jambes nues
d'enfant qui, ne reposant sur rien et ne, se joignant pas,
lont comprendre que cet enfant était porté ou se soutenait
de lui-même dans le vide. Le bas d'une chlamyde qu'agite
l'air, flotte écartée du corps. Si je ne me trompe bien étran-