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136 SAMUEL SORBIERE. avocat à Toulouse ; depuis, et en 1802, M. Debure en était possesseur; maintenant il se trouve a la Bibliothèque impé- riale. J'ai promis plus haut de revenir sur les deux recueils de lettres et de relations publiées par Sorbiere en 1660. Je commencerai par extraire de l'in-4, une lettre datée de Lyon le 1er juillet 1659, et adressée a une dame de cette ville, qui pourrait bien être une des précieuses ridicules qui figurent dans le dictionnaire de Soraaize (1). « Madame, j'ai lu une partie de la lettre qu'il vous a plû de m'honorer, et j'en ai deviné l'autre par la suite d'un très- beau sens qui répare le défaut de votre mauvaise écriture. Je vois bien en cette négligence de votre plume ou en cette promptitude de votre main, que vous avez une habitude toute formée h penser subitement et a vous exprimer de bonne grâce, en quoi vous faites beaucoup d'honneur à notre Socrate chrétien (Guez de Balzac),des sages discours du- . quel vous avez si bien profité...L'âme de certaines personnes qui n'ont pas cultivé leur raison, est un grand désert où les voyages sont très-ennuyants ; c'est pourquoi, madame, ces personnes ne demeurent pas volontiers seules, et cherchent incessamment compagnie (2); mais dès qu'elles l'ont trouvée elles s'y déplaisent pour ce qu'en sortant de l'Arabie déserte, elles entrent plus souvent dans l'Arabie pierreuse... Ceux-là donc, madame, sont plus heureux que les autres qui peuvent demeurer agréablement chez eux [Z), qui, se (1) On en Iroirvercla listedans mes Documents sur Lyon, année 1660, p . 126. (2) L'homme qui n'aime que soy. a dit Pascal, ne hait rien tant que d'être seul avec s o y . . . . 7. p. 205 de l'édition de 1672. Le mot toi man- que à la p. 137 de l'édition de 1720. (3) Tout le malheur des hommes vient de ne saveir pas se tenir dans une chambre. Un homme qui a assez de bien pour vivre s'il sçavoit de-