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10         ÉTUDES D'ARCHÉOLOGIE PRÉHISTORIQUE.

entre eux par d'étroites vallées transversales, court du
nord a u s u d et forme les crêtes de Monsard, de Saint-
Claude, de Vergisson, de Solutré et du Mont-de-Pouilly.
La roche de Solutré, bien connue des touristes, est un des
points les plus curieux et les plus pittoresques de cet en-
semble rocheux. On dirait la proue émergée d'un immense
navire échoué à la côte.
   Les hommes de tous les temps, séduits par les avanta-
ges naturels de ce rocher sauvage, sont venus, tour à
tour, y laisser les traces de leur passage. En effet, le pla-
teau supérieur, d'un assez facile accès à l'est, est défendu
des trois autres côtés par de formidables escarpements. Il
 suffisait d'un fossé et d'une palissade sur l'étroit espace
accessible pour en faire un asile inexpugnable. Une sta-
tion militaire fortement établie en ce lieu commandait
tout le pays d'alentour. C'était un point culminant d'où
la vue plongeait dans toutes les vallées environnantes,
jusqu'à la Saône, et pouvait s'étendre sur les vastes plai-
nes de la Bresse, jusqu'au Jura, jusqu'aux Alpes. La cime
neigeuse du Mont-Blanc ferme ce splendide horizon de
trente lieues. Il ne faut donc pas s'étonner si, dès les
âges les plus reculés, l'homme vint disputer cette retraite
aux oiseaux de proie. Des silex taillés, des poteries celti-
ques, romaines, burgondes, des monnaies et des armes
de tous les temps, une citerne et un retranchement r o -
main, un fossé taillé dans le roc au- X e siècle, les ruines
d'un château féodal démantelé et brûlé *au XV e siècle,
sont autant de témoins qui viennent faire avec nous le
compte des générations humaines qui se sont succédélà.
  Ce rocher étroit et aride, perdu dans les nuages et les
brouillards pendant l'hiver, brûlé du soleil en été, battu
par tous les vents et privé d'eau, ne pouvait servir uti-
lement qu'à un établissement militaire. A tout autre point