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                  ESSAI SUR LA CARICATURE                   IO9

   Le faux, le vide, l'ampoulé, l'absurde ne tiennent pas
devant ses fusées de rire et de saine gaieté; ils sont vite
troués à jour.
   Il y a là, à mon sens, un enseignement qu'il faut savoir
dégager et mettre à profit, malgré les irrégularités de la
méthode.
   Dans le cadre restreint où je désire nous maintenir,
je me garderai de toute tendance didactique ou dogma-
tique, de faire notamment l'histoire de la caricature, de
l'antiquité jusqu'à nos jours ; de gros volumes n'y suffiraient
pas.
   J'éviterai encore la caricature politique. Acre, injuste
trop souvent, elle ne survit pas, malgré son esprit, à l'émo-
tion qui la fit naître. Et puis, vous le savez, la politique n'a
jamais porté bonheur à l'Art.
   Après un coup d'œilsurle Moyen Age et la Renaissance,
je me restreindrai à quelques noms qui ont survécu à leur
siècle ; à ceux surtout qui ont marqué d'une griffe acérée
l'Å“uvre de leur burin, de leur crayon ou de leur ciseau, et
encore serai-je forcé de dire, comme Ruy Gomez, dénom-
brant ses ancêtres :
   «       J'en passe et des meilleurs. »
   Quoique je n'aie en vue, dans cette causerie, que les
deux derniers siècles et le nôtre, je ne pourrais oublier de
mentionner le Moyen Age, qui fut l'apogée et la consé-
cration religieuse de la caricature.
   L'Eglise en avait fait un enseignement et un moyen de
domination des âmes. Voulant frapper d'une forte empreinte
l'imagination des peuples, elle avait personnifié et incarné
les vices, les péchés, les crimes, en de hideuses statues gref-
fées de difformités repoussantes. Elle leur donnait une
fonction servile, tantôt comme gargouilles chargées de