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454                 VIEUX AUTOGRAPHES
chacun est à sa pièce, ou plutôt, il offre le spectacle d'une
véritable salle de dissection, — là, répartis en groupes,
tous nous poursuivons l'étude des phénomènes de la vie,
mais à des points de vue différents.
   C'est grâce à cette disposition inquiète des esprits que
la critique est devenue à proprement parler une science ;
que l'historien ne se borne plus à reproduire, en changeant
de langage, ce qu'ont affirmé les devanciers, n'expose plus
les principes et les causes des événements d'après les pré-
jugés, mais selon leurs lois véritables, leur nature ; enfin
ne parle plus la vérité pour la perdre, mais remonte aux
 sources, s'entoure de documents, consulte les vieux titres,
les poudreuses archives, les inscriptions, les monuments,
 qui seuls peuvent expliquer et résoudre des problèmes
 qu'on croyait insolubles. Ainsi l'histoire est devenue, à vrai
 dire, un livre de bonne foi.
   L'amour de l'histoire, c'est-à-dire du passé, a fait naître
chez quelques-uns le goût du présent : certains ont pensé,
et avec raison, que rien ne serait plus utile pour la postérité
quand elle jugera notre époque, et plus intéressant pour
nous que de montrer les hommes célèbres avant que le
temps ait mis une auréole ou un bandeau autour de leur
nom ; de nous les représenter comme ils ont été durant
leur vie, de pouvoir ainsi permettre de contempler à nu
l'homme avant le personnage. D'ailleurs, chez beaucoup,
c'est un moyen tout trouvé d'éterniser ou de faire revivre
des souvenirs presque intimes, de faire parler ce qui n'est
plus le présent, mais ce qui n'est pas encore le passé, nous
voulons dire l'affection, les nobles qualités du cœur et de
l'esprit (tout autant de choses impérissables) et qu'ils ont
pu surprendre, rencontrer eux-mêmes en approchant ou
en vivant dans la douce familiarité des hommes célèbres de
notre génération.