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                  ou L'ÉCOLE DES PAYSANS                      449
lui permis, le voyage de la Chapelle. Lui et Jeannette
m'annoncèrent, chacun de leur côté, tout le bonheur qui
était rentré dans leur âme. Leurs bonnes lettres méritent
d'être rapportées. Les voici :


                      LETTRE DE PIERRE

                                          Lyon, 10 octobre.
       Mon bon Maître,

    « J'ai demandé et obtenu un congé de trois jours. J'ai
volé vers la Chapelle. Parti avant l'aurore, j'ai fait en huit
heures la route de douze lieues qui sépare Lyon de ce ha-
meau. J'y arrivai par une tiède après-midi.
    ce Le cœur me battait violemment en entrant dans la
petite demeure.
    « Je ne trouvai d'abord que la mère Catherine, qui ne
fut pas surprise de me voir, car elle m'attendait depuis quel-
ques jours. Cette excellente femme me reçut avec son air si
bon, qui m'offrait un mélange de reproches, de pardon et
de contentement. Nous préparâmes ensemble mon entre-
vue avec Jeannette ; car il fallait, autant que possible, écar-
ter les commotions.
    « Elle alla prévenir de mon arrivée sa fille, qui se repo-
sait sur un banc du jardin, aux doux rayons du soleil. A
côté d'elle, était le berceau du petit Jean, qui recevait
aussi l'impression d'une bienfaisante chaleur.
    « Je vis la figure pâle de ma chère convalescente se co-
lorer aussitôt : « Qu'il vienne, dit-elle, oh ! je l'aime tou-
jours ! »
    « Je me présente donc devant elle, je me jette à ses
pieds, en baisant ses mains, en l'es arrosant de mes larmes,
 et en répétant souvent ces mots : « Ma Jeannette, que j'ai
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