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448                  PIERRE ET JEANNETTE
   Je lui lus alors la lettre qu'avait écrite en dernier lieu son
repentant fiancé. Des larmes coulaient sur ses joues amai-
gries. « — Assez pour aujourd'hui, lui dis-je; demain nous
reprendrons ce sujet. »
   J'écrivis à Pierre tout ce que j'avais vu et fait à la Cha-
pelle; je lui exprimai l'espoir de voir une fin heureuse à
tant d'émotions et de chagrins.



                              XIII


   Le mieux allait croissant. Je pus m'entretenir longtemps,
le jour suivant, avec notre convalescente, et, ayant reçu du
docteur l'assurance d'une guérison prochaine et complète,
voyant toute cette famille en bon état, y compris le petit
Jean, qui, grâce à la surveillance active de Catherine, n'a-
vait pas souffert au milieu de tant d'alarmes, je retournai
dans ma famille, où mon absence commençait à paraître
bien longue.
   Après que nous eûmes joui du bonheur de nous revoir,
mon premier soin fut de chasser cette odieuse Madeleine,
dont Pierre m'avait avoué les hideuses calomnies. J'accom-
pagnai cette expulsion des reproches les plus sanglants, et
la menaçai des rigueurs de la justice pour ses ignobles diffa-
mations.
   Elle prit au plus vite la route de Paris, qui est l'asile fa-
vori des serviteurs tarés et corrompus, et où elle fait au-
jourd'hui peut-être quelques nouvelles victimes.
   Je n'avais pas de droits sur Thomas, méchant comme
elle ; mais je m'en écartai et en fis écarter tout mon entou-
tourage, comme d'une bête venimeuse.
   Quinze jours après mon retour, Pierre fit, lorsque je le