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POLEYMIEUX 43I rapides du parc. Des tilleuls qui indubitablement abritent un jeu de boules, à côté de la maison, ont encore dans leur ex- trême branchage cette teinte grenat qui les distingua au printemps des autres arbres et leur ramure basse se couvre de petites feuilles délicates. Tout à côté et en avant des cy- thises dont les grappes d'un beau jaune commencent à fleurir, une guirlaude de glycine fait courir au-dessus d'un mur son feuillage d'un gris ambré et attendant qu'elle y sus- pende ses fleurs d'un bleue violacé. Nous passons tout près de cette riante demeure et un brusque détour du chemin nous fait quitter la route de Saint-Fortunat et gravir la rampe assez longue qui nous amène tout près de Poleymieux. Avant d'y entrer nous revoyons La Rivière, son église et sa vallée, puis nous embrassons du regard Curis, Vilvert, la Saône, le pont de Neuville et Neuville; au-dessus, comme toujours, sont les Dombes, la Bresse et le Bugey. Vue à dis- tance et de haut, la campagne, avec sa végétation naissante et ses arbres fruitiers en fleurs, a des teintes de vert de gris qui sont d'autant plus sensibles à l'œil que les premiers plans du tableau sont occupés par les terrains ocreux que nous savons et que les fonds sont noyés dans des vapeurs bleuâ- tres et argentines au travers desquels ont voit parfois s'es- tomper les contours puissants du Mont-Blanc, des Alpes de la Savoie et des sommités rivales du Dauphiné. Poleymieux n'est pas à vrai dire un village, c'est un en- semble de maisons disséminées sur les pentes de la monta- gne et au-dessous de son ancienne église. Ce petit temple, sans caractère architectural bien déterminé, est aujourd'hui abandonné, délabré; c'est un fenil, demain ce sera peut- être une ruine. Eh bien! nous regrettons qu'il n'ait pas été conservé au culte, car il avait été, autrefois, élevé par une foi vraie, il dominait toute la vallée, se voyait pour ainsi dire de toutes parts et il était placé comme un trait-d'union