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                         AU XVIIIe SIÈCLE                         421
 en assignats, somme relativement considérable en ce temps
 de calamité financière (1). Puis, peu à peu, l'amour de
l'art et la soif du succès aidant, les chefs-d'œuvre des
maîtres reprendront la place que leur avaient un instant
disputée les tristes ouvrages éclos en un jour de malheur.
   Le théâtre de Soufflot, qui appartenait à la ville, fut
vendu, pendant la Révolution, comme propriété privée, en
 exécution de la loi du 28 ventôse an IV. Mais, la situation
des directeurs devenant intolérable, par suite des exigences
des différents propriétaires, la ville finit par comprendre
que, dans l'intérêt des spectacles, cet édifice devait rentrer
dans le domaine communal. En 1827, le Conseil munici-
pal le racheta et décida que, au lieu d'être réparé, le théâ-
tre serait reconstruit sur des plans nouveaux, dont l'exécu-
tion fut confiée à MM. Chenavard et Pollet. La première
pierre du monument actuel fut posée le 19 août 1828 (2).
   Vers la fin du xvnr3 siècle, Lyon possédait un autre
théâtre, celui des Célestins. Un bref du pape Pie VI, en
date du 30 septembre 1778, ayant supprimé le couvent de
ce nom, les bâtiments en furent vendus, pour la somme
d'un million cinq cent mille livres, à un sieur Devouges,
qui les revendit en détail à des spéculateurs. De leur côté,
ceux-ci ouvrirent des rues sur cet emplacement et firent
de l'église des Célestins une salle de spectacle. Quelle est
la date précise de cette transformation ? C'est ce qu'il est
assez difficile d'établir. . Ce qui n'est pas douteux, c'est
qu'on donnait des représentations au Théâtre des Célestins,
appelé alors YEcoîe des Mœurs, dès les premières années de
la Révolution, notamment en 1793 : ce fut, en effet, cette


  (1) V. de Manne, op. cit. — Mille francs en assignats représentaient
une valeur de trois à quatre francs en numéraire.
  (2) Lyon anc. etmod., Grand-Théâtre.