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                       AU XVIIIe SlÈCLli                     41)

de théâtre. « Et n'est-ce pas là, sous les pilastres aux feuilles
d'acanthe, au-dessous des nymphes nues dormant dans les
grands cadres, dans le boudoir majestueux, où le maître
tout-puissant trône en robe de chambre auprès du bureau
chargé de faisceaux de licteurs, de casques à panaches, de
brocarts, de partitions ouvertes de Castor et Pollux, n'est-ce
pas là que Baudouin, le peintre et l'historien de la demi-
vertu, a placé le Chemin de la Fortune? Généralement, le
directeur est un homme ; sur une mine de jeunesse, sur un
joli sourire, sur un peu de gentillesse et beaucoup de bonne
volonté qu'on lui montre, il consent à recevoir et à agréer.
Une fois le maître séduit, la femme est inscrite, et quelque
peu douée qu'elle soit, quelque habile homme la mettra,
au bout de trois mois, en état de paraître sur ses jambes
dans un ballet (1). »
   Le directeur devait informer le prévôt des marchands de
tout ce qui se passait au théâtre ; les correspondances citées
plus haut donnent une idée assez exacte du genre de con-
trôle auquel les entreprises de spectacle étaient soumises.
Le gouverneur, par l'entremise du prévôt des marchands,
veillait au maintien de l'ordre et au choix des artistes, don-
nait les ordres de débuts et jugeait les différends qui sur-
gissaient entre le directeur et les acteurs. On s'étonne au-
jourd'hui de voir ces personnages s'occuper gravement du
plus petit événement des coulisses. Mais, ce qui est plus
 curieux encore, c'est de feuilleter les plaintes qui leur
étaient adressées soit par le directeur, récriminant sur la
 mauvaise volonté de sa troupe ou sur les maladies qui y
 sévissaient, soit par les acteurs, gémissant de l'oppression
 que ce tyranneau leur faisait subir : c'était Dufresney, qui


   (1) La femme au XVIIIe sikh, par Edmond et Jules de Goncoun,
 p. 292.