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                     LE THEATRE A LYON                       413

    Le spirituel Diderot,qui aimait « l'utile et belle profession
de comédiens ou de prédicateurs laïques,» suivant ses propres
expressions, « la verve dont l'homme de génie se sert pour
châtier les méchants et les fous, » Diderot, qui dans sa jeu-
nesse avait « balancé entre ia Sorbonne et la Comédie,» ne
fait aucune difficulté de reconnaître que, de son temps, les
gens de théâtre étaient « fastueux, dissipés,dissipateurs, in-
téressés, vagabonds, à l'ordre des grands; qu'ils avaient peu
de mœurs, point d'amis, presque aucune de ces liaisons sain-
tes et douces qui nous associent aux peines et aux plaisirs
d'un autre qui partage les nôtres. » Il est vrai que l'on
comptait de fort honorables exceptions : après Molière, les
Quinauit, Montmesnil, l'auteur du Paradoxe sur le comédien
cite ses contemporains Brizard et Caillot, qui étaient « éga-
lement bien venus chez les grands et chez les petits; à qui
vous auriez confié sans crainte votre secret et votre bourse,
et avec lesquels vous auriez cru l'honneur de votre femme
et l'innocence de votre fille beaucoup plus en sûreté qu'a-
vec tel grand seigneur... »
   Mais, « _un comédien galant homme et une actrice hon-
nête femme étaient des phénomènes rares.» En effet, « qu'est-
ce qui leur chaussait le socque ou le cothurne ? Le défaut
d'éducation, la misère et le libertinage. Le théâtre est une
ressource, jamais un choix... »
   « Un jeune dissolu, au lieu de se rendre avec assiduité
dans l'atelier du peintre, du sculpteur, de l'artiste qui l'a
adopté, a perdu les années les plus précieuses de sa vie et il
reste à vingt ans sans ressources et sans talents. Que vou-
lez-vous qu'il devienne? Soldat ou comédien. Le voilà donc
enrôlé dans une troupe de campagne. Il rôde jusqu'à ce
qu'il puisse se promettre un début dans la capitale. Une
malheureuse créature a croupi dans la fange et la débauche;
lasse de l'état le plus abject., celui de basse courtisane, elle