Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                         AU    xvmc SIÈCLE                        339
à ces vers que le chevalier Aude faisait allusion lorsqu'il
écrivait à l'auteur qu'il était :

      Craint des mauvais acteurs, connu des bons poètes ;
      Cité dans les foyers par le plus joli ton ;
           Par des mémoires aux buvettes,
           Par de bons vers chez Duga\on,
           Par des mots heureux chez Ninon,
           En Suisse par des amourettes,
           Dans Athènes par la raison,
           Et dans Lyon par des emplettes...


  Pourtant, ce n'était ni Mme d'Ocquerre, ni Mme Dugazon
qui possédait le cœur de notre original; le ton même des
Stances adressées à cette dernière prouve qu'il n'avait
« jamais soupiré pour ses charmes. » Les initiés du monde
qu'il fréquentait ne prenaient point le change et chuchotaient


        je vous plains donc d'être aimable et jolie;
        De savoir plaire et de savoir charmer ;
        Et si d'aimer vous faisiez la folie,
        Je vous plaindrais de savoir trop aimer.
             Babet, Nina n'ont rien qui m'intéresse (a) ;
         Un délire aussi doux ne va point jusqu'à moi ;
             Sourd à leur voix enchanteresse,
        f aime mieux rire alors que je vous voi.
             Ah ! de votre gaité folâtre
             Conservez bien les charmes sêduisans.
             Je n'aime point au Lyrique-Théâtre
             A m'entourer de lugubres accents.
              Que la plaintive Melpomène
      Etale autour de moi ses tragiques douleurs :
      Des Ris et des Amours, Dugazon est la reine,
              Et pour enlever tous les cœurs,
      Elle n'a pas besoin de quitter son domaine.
   (a) L'auteur n'aimait pas les larmes dans l'opéra comique, qu'il con-
sidérait comme « le dernier asyle de l'enjouement. »