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             LE THÉAÃRli A LYON AU XVIIIe SlÈCLH                   337
aux sujets de se former, et qui amènera tôt ou tard la déca-
dence de l'art. »
   On voit que l'homme dégoût, le classique, qui avait été
presque bercé au bruit des hexamètres, qui allait publier, à
ce moment même, des Idées souvent neuves et parfois très-
fines sur nos grands poètes dramatiques ( i ) , croyait devoir
s'élever, malgré tout le désir qu'il avait de rester indulgent,
contre les progrès de la littérature facile qui envahissait
déjà la scène. Il achève ainsi :
   « Afin de contenter tous les goûts, il a donc fallu faire
ici marcher de front les trois genres : la déclamation, le
chant et la chorégraphie. Ces deux dernières parties du spec-
tacle laissent peu de chose à désirer : la première offre
plusieurs sujets remplis de zèle et d'intelligence, et auxquels il ne
manque que de bons conseils et plus d'encouragements pour déve-
lopper des talents très-réels et faits pour honorer l'art drama-
tique.
   « Le directeur, M. Collot-d'Herbois, est voire ami; ce
mot renferme son éloge et me dispense de vous répéter
combien il est fait pour être celui de tous les gens de lettres, par
les qualités de son cœur et de son esprit. »
   Voilà qui est charmant : pas une ombre au tableau ! Des
compliments à tout le monde. Il faut croire qu'ils étaient
mérités... Mais, d'où pouvait venir chez le critique cette
disposition à la bienveillance universelle ? Il était sans doute
à ce moment psychologique où le bonheur intime déborde
et s'épanche au-dehors.


   (1) Les liées sur Corneille, Molière, Racine, Crébillon, Regnard et
Piron font partie du recueil publié sous le titre de Peu de chose. Elles
sont pleines d'aperçus nouveaux pour le temps où elles parurent, la
critique n'ayant pas encore reçu le développement qu'elle a pris de nos
jours. On ne les a jamais rééditées.
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