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AU XVIII' SIÈCLE 263 Il essaya même de renouveler à Lyon les fameuses aga- pes parisiennes. A son arrivée, il était descendu à l'Hôtel de Milan, « la meilleure auberge » de la ville ; là , avec quel- ques amis, Grimod prolongeait « l'orgie souvent jusqu'au jour » et trouvait moyen « sans vin, sans scandales, sans femmes, de passer des nuits fort agréables. » Au nombre des convives, il y avait « ce petit gueux d'abbé Barthélémy, de Grenoble, » un original, auteur de la Grammaire des dames et de la. Cantatrice grammairienne, qui était « charmant à mystifier » et parfaitement à sa place dans ces soupers moins attiques que divertissants. Quant au chevalier Aude, ancien secrétaire de Buffon, auteur de Cadet-Roussel et de Madame Angot, c'était un homme d'esprit, d'un commerce agréable, « doué d'une mémoire admirable, d'une sensibi- lité exagérée, d'une vaste littérature et d'un goût assez dé- licat. Il faisait le charme des conversations par sa gaîté,son savoir, son imagination vive et poétique, et la variété de ses connaissances; » malheureusement, « le goût de la crapule avait tout étouffé dans son âme. » La Reynière parle aussi d'un comte de L... qui avait été élevé, comme lui, sur les genoux de la Comédie-Française et qu'il avait retrouvé à Lyon. On donna d'autres soupers à la Croix de Saint-Louis : « Le petit abbé y était encore, mais N. et le chevalier Aude n'y étaient plus. » Jacques Pitt, docteur en médecine, plus tard rédacteur du Journal de Lyon, les avait remplacés. « Les dames y étaient ad- mises, les ris immodérés en étaient bannis, le ton était moins brusque, plus décent. Mais on pouvait s'y amuser encore (1). » Grimod haïssait le jeu, « cette invention nie pour mettre (1) Revue du Lyonnais, i« mars 1856, t. xn, p. 250. (Lettre de Gri- mod de h Reynière à un Lyonnais de ses amis, Béziers, 26 août 1793). —