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                          CHRONIQUE LOCALli                            237
l'honnêteté et au patriotisme de l'écrivain qu'à son talent hors ligne
comme poète et comme penseur. Quoique né à Montbrison, M. de La-
prade est trop Lyonnais par le cœur et par l'esprit pour que ses œuvres
ne se trouvent pas dans toutes les bibliothèques bien choisies de notre
ville.

   — On sait que notre poète, Joséphin Soulary, avait présenté à lu
Comédie française, qui l'avait acceptée, une comédie en vers : Un
grand homme qu'on attend, dont tout le monde s'accordait à vanter l'esprit
fin prodigué et l'excellente versification. Reculant devant des lenteurs
qui menaçaient de ne pas finir, M. Soulary a retiré sa pièce que les Cé-
lestins ont reçue avec empressement et qui est en répétition.
   Si le Grand-Théâtre nous a donné les primeurs d'Etienne Marcel,
notre seconde scène nous donnera en première Un grand homme qu'on
attend, et ce sera un bon point pour notre ville d'avoir offert ainsi, avant
Paris, deux pièces de cette importance.

   — Notre collaborateur et ami, M. André Steyert, vient de faire une
découverte fort intéressante à propos de l'horloge de Saint-Jean ; aussi
s'est-il empressé de la communiquer à VEcho de Fouryière à qui aujour-
d'hui tous les journaux l'empruntent; il s'agirait du célèbre mécanicien
Nicolas Lippius qui passe pour avoir construit notre horloge rivale de
celle de Strasbourg.
   Or, d'après M. André Steyert, le véritable auteur ou reconstruetcur
de cette pièce si remarquable serait un horloger de Lyon, Hugues
Levet, qui aurait reçu du Chapitre la somme de 120 cens sol, pour son
travail,tandis que son confrère Nicolas Lippius, aurait fourni seulement
le soufflet et les engins pour faire sonner le coq.
   Ceci nous rappelle ce matelot qui prétendait avoir vaincu et tué le
célèbre amiral Kuyter.
           J'étais sur un vaisseau quand Ruyter fut tué,
           Et j'ai même à sa mort le plus contribué :
           Je fus chercher le feu que l'on mit à l'amorce
           Du canon qui lui fit rendre l'âme par force.
  C'est absolument le cas de Lippius.
  Le mécanicien bâlois ayant quitté Lyon, fît graver à Bile, sa patrie,
où il était retourné, un dessin de notre horloge ,'en y ajoutant son nom,
son portrait et ses armes, et s'attribua la gloire d'avoir créé l'œuvre du
pauvre Lyonnais resté obscur jusqu'à présent.