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I76                    LE THÉÂTRE A LYON
       Y bouche les esprits, de son livre bizarre,
       Et d'un frais jouvenceau compose un vieil avare.
       Contraint par son talent, si quelque jeune esprit
       Y goûte de Boileau le poétique écrit,
       Plutus le déshérite, et, grâce à l'anathème,
       Le génie est un vice et la rime un blasphème (1). »



   Ce fut en 1785 que Fabre d'Eglantine se rendit à Paris.
Deux ans après, il fit jouer au Théâtre Italien son premier
ouvrage, Les Gens de Lettres ou le Provincial à Paris, comé-
die en 5 actes et en vers, qui eut une chute de scandale.
   Cependant, la situation du Théâtre restait compromise.
Dans une lettre aux abonnés, MIle Destouches exposa que
la direction payait 20,000 livres à la ville et donnait un
spectacle tous les jours de l'année, tandis qu'à l'arrivée de
Mme Lobreau, la salle ne s'ouvrait que quatre fois par se-
maine. Autrefois, les premiers acteurs de Paris venaient
pour dix louis ou pour cent écus par représentation : ils
exigeaient maintenant cinq cents livres. Les recettes des
spectacles s'élevaient en moyenne à cent quinze ou cent
vingt mille livres par an ; les abonnements étaient trop
nombreux et les prix trop modérés. Les entrées de faveur
étaient extrêmement nombreuses ; tout ce qui était titré ou
gradé, dans l'armée surtout, réclamait sans cesse ce privilège
 de nature à ruiner la caisse. On dînait pour tout de bon sur
 la scène, et les comptes de dépenses portaient à cet article
 le chiffre assez respectable de 20 livres par mois (2). Le


   (1) Journal anecdotique, 3= année, I er semestre, p. 264. — Mil. biog.
et litt. par Bréghot du Lut, Lyon, 1828. —Bréghot du Lut répète à
son tour, avec aussi peu de fondement que les autres biographes, que
Fabre vint « partager avec Collot d'Herbois les sifflets des habitants. »
   (2) N'en déplaise à M.HenriChabrilIat, l'imprésario de l'Assommoir,
et à M. Emile Zola, {'inventeur du naturalisme.