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170       LES DEUX VOYAGES D'ABRAHAM GOLNITZ

un mille et demi de l'Arbresle. Nous avions l'intention d'y
prendre un peu de repos; mais l'hôtellerie était dépourvue
de tout : point de bois sec, aucun de ces divers services
dont nous avions besoin sans retard. Il nous fallut donc re-
noncer à ce projet et nous remettre en route, par un temps
peu agréable, pour gagner Lyon, dont nous étions éloignés
d'un mille et demi. Nous poursuivons donc, sans nous ar-
rêter, en suivant un plateau, d'où nous apercevions les
montagnes éloignées, où avaient pris naissance ces nuages et
toute cette pluie. Quoiqu'elles fussent situées à une assez
grande distance de la ville, elles paraissaient cependant en-
tourer, comme un cercle, la hauteur que nous suivions avec
nos chevaux.
   Enfin , après une descente très-rapide, nous arrivons au
pied de la montagne. Nous faisons un assez long détour et
nous parvenons à la porte de la ville, que nous n'aperce-
vions point encore; car, située presque toute entière au
fond de la vallée, elle échappe aux regards ^des voyageurs.
Presque de tous les côtés, autour des remparts, s'élèvent des
montagnes fort hautes, sur lesquelles sont bâtis, en certains
 endroits, les murs de la ville. A l'entrée de la porte, des
gardes nous demandent nos noms et celui de l'hôtellerie où
nous voulions loger. Je les leur donnai par écrit, et ils y
apposèrent leur visa, après avoir reçu une gratification.
   Cependant la pluie ne cessait de tomber. Il nous restait
 encore à faire un assez long trajet par un chemin sinueux,
 qui nous conduisit au pont jeté sur la Saône. L'eau tombait
 abondamment des chèneaux des toits jusqu'au milieu des
rues, et nous fûmes obligés de subir tout ce déluge jusqu'à
 notre hôtellerie : Au Lion d'Or de la Lanterne, où, pour être
 admis, nous remîmes au maître d'hôtel le bulletin, sur le-
 quel nos noms avaient été inscrits à la porte de la ville.
   Nous arrivions ainsi, sains et saufs, au premier terme de