page suivante »
UN INCUNABLE II9
que nous sachions cependant que les deux personnages au-
raient pu se rencontrer lors du premier séjour de
Louis XII (1) Ã Lyon, en juillet 1499. Tout cela nous
fait présumer que l'édition de 1501 n'est pas la première et
que Jean Mercure avait probablement publié son livre avant
la mort de Louis XI, en juillet 1499. »
(1) Louis XII arriva à Lyon, la première fois, le 10 juillet 149g. —
Il y est venu aussi le 30 mars 1500.— Le 11 avril, il assiste, à Notre-
Dame de Confort, â une messe d'actions de grâces pour la capture de
Ludovic Sforce, duc de Milan. Le roi et la reine quittent Lyon le 26 juillet
suivant, Louis XII y revint le 2 juin 1501 et en repart bientôt pour y re-
venir en septembre, et le quitta vers la fin d'octobre pour se rendre Ã
Blois. « Sept jours après son premier départ, une arche du pont de
Lyon s'écroula dans le Rhône qui, impatient de voir s'éloigner le roi,
signala sa douleur par la chute d'un pont. » (Voir Claude de Seyssel,
p. 104. — Additions de Monstrelet, f. 102. Notes et docum. pour ser-
vir à l'hist. de Lyon, de Péricaud, 1840, p. 17.)
Louis XII s'en laissait imposer par tous les charlatans.On lit,en effet,
dans l'Histoire littéraire de Lyon, de Colonia, t. 11, p. 439 : « Dans le
même temps que Jean Mercure étonnait la cour de France par son sa-
voir ou peut-être Véblouissait par ses prestiges, on vit paraître dans Lyon
un autre étranger, Flamand de naissance, qui scut aussi de son côté faire
illusion au roi Louis XII et qui lui débitant les fables les plus grossières
sur son origine et sur celle des Français, l'engagea, par ce moyen, Ã
arborer sur ses drapeaux une devise qui prouve que le bon goût et la
saine critique étaient encore bien peu épurés en ce temps-là . Ce Fla-
mand se nommait Jean Le Maire, né à Belges, auteur assez connu par
divers ouvrages, mais surtout par celui qui a pour titre : « Les Illus-
trations des Gaules. » L'objet principal de cet ouvrage, dédié à la reine
Anne, est de prouver que les Français sont descendus d'une colonie de
Troyens qui, après la prise de Troye, vint s'établir dans les Gaules et
que nos rois viennent en droite ligne d'un Francus, fils du brave Hector,
chef d'une troupe d'aventuriers. Cette rare découverte fut applaudie gé-
néralement, et Louis XII arbora sur ses drapeaux cette nouvelle devise :
Ultus avos Troiae, mais cette fleur de nouveauté passa vite et on revint
au solide et au bon, comme il arrive ordinairement. »
En 1509, le roi Louis XII accorda à Jean Le Maire un privilège pour
faire imprimer son livre. En même temps que Jean Mercure abusait, Ã
Lyon, de la simplicité et de la crédulité de Louis XII, apparaissait aussi