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                         AU XVIIIe SIÈCLE                          99
l'ascension que fit Montgolfier à Lyon, le 19 janvier 1784.
Une foule innombrable était accourue pour voir ce prodige.
Les comtes de Laurencin, de Dompierre et d'Anglefort de
 la Porte, le prince Charles d'Aremberg-Ligne, venus exprès
pour assister à cette merveilleuse expérience, enfin Pilâtre
du Rozier et un M. Fontaine avaient pris place dans la
nacelle à côté du célèbre inventeur. On sait que les voya-
geurs aériens faillirent perdre la vie (1).
    Le soir, les étrangers envahirent le Théâtre où l'on jouait
Iphygénie en Aulide. Le spectacle était commencé, lorsque
l'intendant, Jacques de Flesselles, et sa femme entrèrent
dans leur loge, accompagnés de Montgolfier et de Pilâtre du
Rozier. Au milieu des applaudissements et des cris du
parterre, on baissa le rideau pour recommencer la repré-
sentation. Puis, l'acteur Darboville, qui remplissait le rôle
d'Agamemnon , présenta à l'intendante des couronnes
qu'elle distribua aux sept voyageurs. Le spectacle fut
repris, et lorsque Mllc Clairville chanta, dans le rôle de
Clytemnestre :

         « Que j'aime à voir ces hommages flatteurs, »


elle se tourna vers les héros de la journée, qui furent
reconduits, à la sortie du Théâtre, jusque chez le comman-
dant, où un souper était servi. On ne cessa, pendant toute
la nuit, de leur donner des sérénades (2).
   Depuis ce jour, la poésie, la gravure, la chanson, le


  (1) V. Mèm. secr. janv., fév. et 4 août 1784, sur la fia tragique du
comte d'Anglefort.
  (2) Journal de Lyon. 19 janvier 1784.