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CHRONIQUE LOCALE Le i e r janvier 1862, la Revue du Lyonnais quittait son vieux local du quai Saint-Antoine où elle était née et prenait possession d'un vaste atelier de la rue Belle-Cordière où elle s'installait complètement le i" mars. Elle ne craignait pas d'y faire des dépenses considérables, comptant bien y vivre de longues années et y mourir. Fier de l'honneur qu'on lui faisait, le propriétaire de la maison n° 14 se félicitait que son immeuble, bâti dans le jardin de Louise Labé, reçût, en surplus, la docte et littéraire publication qui groupait autour d'elle tous les hommes de lettres de Lyon. La Revue du Lyonnais de- vait donner désormais à ce numéro 14, fameux, un lustre qui ne devait jamais s'effacer La maison allait en effet recevoir, comme du temps de la belle Cordière, l'élite de nos littérateurs et de nos savants. Dans ce local privilégié, la poésie renaissait, l'archéologie et l'histoire allaient donner leurs doctes leçons ; un faisceau de lumière allait en jaillir, et nul doute que de tant de traits lumineux quelques-uns ne vinssent s'ar- rêter sur le front de celui qui accueillait ainsi chez lui la vieille et sa- vante Revue. Vanité des joies de ce monde ! Futilité des rêves, des espoirs et des projets ! A peine la Revue du Lyonnais était-elle installée ; à peine avait- elle groupé autour d'elle la Gazette médicale, le Courrier de Lyon, le Moniteur des soies et tant d'autres importantes publications, le proprié- taire de l'immeuble mourait sans avoir joui de l'illustration qu'il se promettait. Ce fut une perte pour la Revue qui se trouva désormais et à jamais privée d'un protecteur et d'un ami. L'ancien propriétaire est mort et la Revue, plus vivante "que jamais, quitte avec bonheur un local qui lui rappelait d'amers souvenirs, pour s'installer, cette fois jusqu'à la fin des temps, elle l'espère, rue Stella,