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ou L'ÉCOLE DES PAYSANS 6I « est de nous marier ensemble et de faire le plus « gentil ménage qu'on puisse trouver, n'est-ce pas, ma « Jeannette? « Pour moi, j'affirme que je pense constamment à toi; « ne crains rien des belles dames de Paris, si dangereuses, « dit-on chez nous, pour les villageois qui viennent dans la « grande ville ; aucune ne te vaut, ô ma chérie ; leurs « brillants atours sont loin de me plaire autant que ta sim- « plicité, et leur coquetterie ne me séduit guère, quand je « la compare à ta charmante modestie. Sois donc tranquille « sur mes sentiments, comme je le suis parfaitement sur « les tiens ; je sais bien que tu ne m'oublieras pas, et que « personne autre ne te plaira plus que moi. « Je travaille activement et de bien des manières, et à « des choses bien extraordinaires, car je soigne à la fois « l'enfant, le jardin et la cuisine de mes maîtres; mais ce « sont des gens si bons et si justes, que toute cette beso- « gne ne me répugne pas du tout ; au contraire, je la fais « avec entrain et courage, je suis soutenu surtout par l'idée « que je gagnerai en quelques années de quoi établir avec « toi, ma chère fiancée, une petite maison où nous vivrons « heureux. « Adieu, ma Jeannette; je t'embrasse de toute mon « âme, avec la permission de tes parents, pour lesquels tu « ne dois pas avoir de secrets et qui connaissent notre ten- « dresse mutuelle et nos projets. » « PIERRE. » Ces expressions parties du cœur, cette candide expan- sion d'une âme honnête, me causèrent une profonde satis- faction. j£ promis à Pierre de garder le secret de ses amours, en ne le confiant qu'à ma femme, qui savait le prix du silence.