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NOTICE SUR HUGUES BERTHIN Si Eden doré. Enthousiaste de la nature, il redisait dans ses idylles les notes fugitives qu'elle lui laissait entendre ; aussi son dessin est-il toujours net et gracieux, son expression vraie, son émotion sincère. Il n'est point un rustique, mais plutôt un lettré, ami des champs ; à son chapeau de paille flotte un ruban de soie. Le ruisseau ombragé et limpide l'impressionne ; la mare, voisine de la ferme, lui est désa- gréable. Il ne fixe point ses idées sur de vastes et larges toiles ; le cadre, moins étendu, de la miniature, lui suffit. Ennemi des expressions ronflantes et des épithètes sonores, il recherche une simplicité élégante; son mot ne perce point comme une flèche, il tombe en perles, comme une goutte de rosée. L'octosyllabe est le vers qu'il emploie de préférence ; il le rend harmonieux par le choix heureux des mots, l'habile disposition des rimes, et sait lui donner une ca- dence qui convient merveilleusement à son genre spirituel et sentimental. Quoi de plus charmant, de plus gracieux que les Muguets, la Rose, les Mois, le Ruisseau, etc. ? Dans l'épître familière, son esprit et son cœur se donnent également libre carrière. Tendre et délicat dans le Serment, les Yeux bleus..., son jeune talent, s'élevant aux hauteurs philosophiques dans la Bonté de Dieu, la Foi, Fragments..., nous étonne par sa maturité et les saines et viriles leçons qu'il enseigne. Les difficultés du sonnet ne l'effraient point; il sait le découper et le ciseler en artiste amoureux de la forme. Lisez Pourquoi demain ? Mars, Novembre... Veut-il sacrifier un instant à Moloch et donner un pas- tiche de l'école moderne ? Il y réussit amplement dans sa Fantaisie multicolore. La poésie lyrique paraît moins convenir à son genre de talent. On en trouve cependant plusieurs traces, et le Mont